Sciences Po
Depuis 2005, Roger-Pol Droit est directeur d’un séminaire à Sciences Po (Paris), qui fut consacré en 2005-2007 à la question Qu’et-ce qu’un barbare ? et, en 2008 et 2009, à la question Qu’est-ce qu’un sage ?
Ce séminaire de 28 h se déroule au second semestre (mars-juin) et réunit de 20 à 25 étudiants de 2e et 3e année, d’une dizaine de nationalités différentes
A certaines séances sont intervenus des invités :
- François Hartog (EHESS) et Barbara Cassin (CNRS) en 2005,
- Jacqueline de Romilly (Académie Française), Charles Malamoud (EHESS) et Mireille Delmas-Marty (Collège de France) en 2006,
- François Jullien (sinologue, Paris VII) en 2007
- Christian Jambet, Serge Feneuille en 2008
Présentation du séminaire de 2005-2007 (voir le livre Généalogie des barbares, 2007)
QU’EST-CE QU’UN BARBARE ?Objet du cours-séminaire
Les termes « barbare » et « barbarie » sont aujourd’hui présents au cœur d’analyses très diverses (historiques, politiques, sociales, éthiques…). Mais les notions correspondantes sont peu étudiées. Pour les préciser, on demandera : d’où viennent ces termes, ces idées ? Quelle fut leur évolution ? Quelles sont leurs fonctions ?
On distinguera d’abord « Barbares » des Anciens et des Modernes. Pour les Grecs, inventeurs du terme et de la catégorie, mais étrangers à l’idée moderne de « barbarie », les Barbares sont les hommes du dehors, extérieurs à la langue, à la mesure, aux lois de la Cité sans pour autant être nécessairement hostiles. Pour les Modernes, ce sont au contraire des ennemis mortels de la civilisation, dont l’inhumanité, plus ou moins présente en tout individu, est porteuse de violence et de destruction sans pitié.
En esquissant une généalogie de ces représentations, on s’efforcera constamment de les relier à des questions contemporaines et d’en tirer des conséquences pour penser l’identité, l’image de l’autre, les relations de la violence et de l’ordre civilisé dans le monde qui vient.
Travail au sein du cours-séminaire
A partir de textes anciens (grecs et latins) ou contemporains (français, allemands, anglais) une réflexion collective s’organisera sur les principaux thèmes suivants : dans l’Antiquité, usage dépréciatif du terme (barbare = fruste) ou usage neutre (barbare = non-grec) ; « barbarophobie » et « barbarophilie » chez les Grecs ; critiques philosophiques du partage Grecs-Barbares chez les Anciens ; émergence d’une pensée de l’humanité et du droit universel à Rome ; constitution tardive de l’idée moderne de « barbarie » (= inhumanité dans l’homme) ; intériorisation progressive de cette barbarie ; usages politiques et idéologiques contemporains du mythe des barbares ; sens et portée des termes « civilisation » et « barbarie » dans différents contextes actuels (juridiques, philosophiques, journalistiques).
Supports matériels de la réflexion
On utilisera des textes grecs et latins d’auteurs majeurs (Eschyle, Platon, Aristote, Hérodote, Plutarque, Cicéron, Clément d’Alexandrie, Eusèbe de Césarée) ou moins connus (Cléarques de Soles, Hécatée d’Abdère, Jamblique), ainsi que des analyses de penseurs modernes ou contemporains (Montaigne, Nietzsche, Freud, Collingwood, entre autres).
La pratique du grec et/ou du latin est souhaitable, mais ne constitue pas une condition nécessaire.
Il s’agit avant tout d’être disposé(e) à réfléchir activement, pour faire constamment le lien entre éléments historiques et réalités contemporaines.
Présentation du séminaire 2008-2009 (Voir aussi le livre Les héros de la sagesse, 2009)
QU’EST-CE QU’UN SAGE ?Objet du cours-séminaire
La figure du sage traverse les époques et les cultures d’une manière singulière. En effet, certains de ses traits majeurs varient, alors que d’autres demeurent stables. Le premier objet de ce séminaire sera de délimiter les éléments variables et les traits fixes, en comparant, dans l’héritage occidental, de l’Antiquité à nos jours, textes à l’appui, des figures de sages grecs et de sages romains, de sages chrétiens et de sages athées, mais aussi en confrontant ces figures à celles de sages juifs, arabes, indiens, chinois, africains.
L’accent sera mis sur deux questions principales. D’une part les paradoxes des sages, notamment leurs relations ambiguës ou insolites à la raison, à l’éthique, aux normes sociales. D’autre part, la relation des sages au politique, relativement peu mise en lumière, fera l’objet d’une attention particulière, visant à dégager les lignes de force, si elles existent, d’une « politique de la sagesse », en particulier chez les Stoïciens, chez les taoïstes et les confucéens, chez les bouddhistes.
Travail au sein du cours-séminaire
En partant principalement de textes (grecs, latins, sanskrits, tibétain, arabes, hébreux, chinois), on tentera d’organiser à mesure une vraie réflexion collective, en particulier sur les thèmes suivants : – la définition du sage selon les époques et les cultures, – le sage comme idéal jamais réalisé, ou comme réalité accessible, – les paradoxes des sages (inversion des normes logiques, éthiques, sociales) – les relations des sages au divin, au bonheur, à l’humour – les variations historiques de l’image des sages, ses temps forts ou faibles, – les relations entre sagesse, philosophie, religions, sciences, – les modèles de construction politique ou de rupture des sages avec le politique, – la question du bonheur du sage, – sagesse antique, sagesse moderne
Supports matériels de la réflexion
On utilisera des textes d’auteurs classiques (Platon, Aristote, Epicure, Plotin, Confucius, Maïmonide, Spinoza, Nietzsche) et d’autres moins connus, ainsi que des analyses de penseurs contemporains. La pratique du grec et/ou du latin est souhaitable, mais n’est pas une condition nécessaire. Il s’agira avant tout de faire constamment le lien entre les éléments pertinents des diverses traditions culturelles et les réalités contemporaines.