La philosophie expliquée à ma fille
Cette fois-là, ma fille avait seize ans. Je n’ai pas voulu passer en revue les auteurs ou les écoles de la philosophie. J’ai plutôt tenté de répondre, le plus simplement possible, à la question : « que font donc ces gens que l’on nomme philosophes ? De quoi s’occupent-ils ? De quelle manière ? »
Présentation de l’éditeur
« Philosophie » ? Un mot qui fait souvent peur. On imagine des questions compliquées, des livres dont on ne comprend même pas le titre, un vocabulaire énigmatique. Ce ne serait pas une activité pour tout le monde.
On se trompe, en croyant cela.
Car tout le monde s’interroge sur le sens de la vie, sur la mort, la justice, la liberté… Chacun est coupable de raisonner, d’organiser ses idées. C’est d’ailleurs tout ce qu’il faut : des questions, et de la méthode.
La philosophie n’est donc pas un casse-tête, mais une activité qu’on peut pratiquer comme la musique ou le sport : en débutant, en amateur ou en professionnel. L’essentiel est de bien commencer…
Seuil, 2004, 96 p., 7 €
(traduit en portugais, en allemand, en italien, en espagnol, en grec, en roumain, en japonais, en bulgare, en letton)
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Extrait
– Alors, c’est quoi, la philosophie ?
– Nous allons chercher. Et j’espère bien que nous trouverons. Mais ne t’attends pas à une réponse immédiate. Ça ne peut pas s’expliquer en une phrase.
– Essaie!
– Non, ça n’arrangerait rien. Un dictionnaire te dira, par exemple, que le mot « philosophie » peut vouloir dire, en grec ancien, « amour de la sagesse ». Tu penseras probablement que ça doit être très ennuyeux. Parce que « sagesse » évoque forcément le « sois sage ! » que les enfants détestent entendre. Tu ne seras donc pas bien avancée, parce qu’il faudra se demander ce qu’on appelle « sagesse », en quoi ça consiste. Tu auras appris ce que veut dire le mot « philosophie », mais tu ne sauras toujours pas ce qu’est réellement la philosophie.
– Si le sens du mot m’est donné, je sais forcément ce que c’est !
– Pas du tout. Quand tu apprends que le mot « Japon » est le nom d’un pays d’Asie, ce n’est pas pour ça que tu connais le Japon. Ou bien, imagine un enfant ne sachant pas ce que veut dire le mot « mathématiques ». Tu lui donnes une définition : « une science des nombres et des figures ». Maintenant, l’enfant connaît le sens de ce mot. Il peut éventuellement s’en servir. Diras-tu qu’il sait ce que sont les mathématiques ?
– Non, bien sûr.
– Tu vois… le mot ne suffit pas ! Connaître quelque chose, ce n’est pas seulement savoir un mot, c’est aussi, forcément, faire une expérience. Tu connais ce qu’on appelle « mathématiques » quand tu commences à faire des calculs et des démonstrations, de l’arithmétique, de l’algèbre ou de la géométrie. Et le Japon, tu vas le connaître en lisant des livres, en voyant des expositions et des films et bien sûr en y allant !
– Alors on peut dire que pour connaître la philosophie, il faut y aller ?
– Absolument ! Tu as très bien saisi. La philosophie, il faut y aller. Pourtant, ce n’est pas un pays, un lieu où l’on pourrait se rendre. C’est plutôt, comme les mathématiques, une activité.
– D’accord, alors on fait quoi, quand on fait de la philo ?
– On cherche à savoir la vérité. Voilà une pas mauvaise base de départ : la philosophie, c’est une activité qui cherche la vérité. Mais ça ne suffit pas. Un inspecteur de police cherche aussi la vérité. Quand il mène une enquête, s’il s’agit d’un meurtre, il cherche à savoir qui est l’assassin. Pour cela, comme tu sais, il va examiner l’emploi du temps de chaque suspect, comparer toutes les versions, confronter les témoignages… et réfléchir ! Il ne va croire personne sur parole, et il va mettre en doute, systématiquement, tout ce qu’on lui raconte.
Les philosophes en font autant. Pour chercher la vérité, ils n’hésitent pas à mettre en examen leurs convictions et leurs croyances. Ils peuvent même considérer comme suspectes leurs propres idées. Mais ce ne sont pas des inspecteurs de police ! Il y a toutes sortes de gens qui s’occupent de chercher quelque chose de vrai. A part les enquêteurs, dans la catégorie des chercheurs de vérités, tu verrais qui ?
– Je ne sais pas… Peut-être les historiens ? Ils veulent trouver la vérité sur les événements du passé.
– Oui, si tu veux, c’est une possibilité. Et les scientifiques ? A ton avis, on doit les mettre dans les chercheurs de vérité ?
– Oui, bien sûr. Mais ils cherchent la vérité sur des problèmes de chimie, ou de physique, ou de biologie !
– Exact ! Tu vois facilement ce qu’on doit conclure de nos exemples : les inspecteurs de police, les historiens, les scientifiques (et bien sûr d’autres gens encore) ont en commun de chercher la vérité, mais dans des domaines très différents. Il me semble que pour avancer dans notre enquête à nous, qui porte sur ce que font les philosophes, nous avons un problème à résoudre. Tu vois lequel ?
– Je pense qu’il va falloir trouver dans quel domaine les philosophes cherchent la vérité.
– Excellent ! Eh bien, à ton avis, quel est ce domaine où les philosophes cherchent la vérité ? S’occupent-ils des criminels, comme les policiers ? Des réalités de la physique ou de la chimie, comme les scientifiques ?
Avis
De Alias64 sur Amazon
Voilà un livre qui nous initie en douceur à la philosophie. Je reprendrais du résumé cette phrase pour commencer mon commentaire: » « Philosophie » un mot qui fait souvent peur « . Considéré comme un point inatteignable, quelque chose hors de portée du commun des mortels, cette « matière » ( quand on la voit au lycée ) peut, effectivement, nous effrayer.
Ce livre nous prouve le contraire. Il nous montre par a+b et de façon simple ( sans nous prendre pour des idiots non plus… ) que la philosophie est quelque chose de tout à fait compréhensible du moment qu’on en maitrise les clés, qu’on connaît ce que veut « dire » philosophie et lorsqu’on a soif d’en savoir plus.
Bien écrit, les réponses aux questions du type : » d’où vient la philo », « qu’est ce que c’est ? », » à quoi et à qui ça sert », etc. nous sont données à travers un dialogue entre le narrateur et sa fille. En plus d’être un concept plutôt sympathique, les bases sont posées et il ne reste plus, si vous avez la curiosité nécessaire, qu’à aller approfondir par vous même le reste.
D’un lecteur anonyme d’Anvers sur Fnac.com
Incontournable!
S’il est bien un auteur qu’il faut lire, c’est Roger-Pol Droit. Avec ce petit livre, il réussit à nous inciter à aller lire d’autres livres de philosophie. Un très bon conseil, lisez d’abord les siens car il a le souci de faire apprécier la philosophie, de la montrer sous un angle que l’on n’a pas l’habitude de voir, il nous guide, il nous prend par la main et il nous motive à ne pas avoir peur d’aller fréquenter des philosophes parfois difficiles à lire. Sous sa plume, les philosophes deviennent humains et accessibles… merci!
De Saint-Germain des Prés sur Critiques Libres
De quoi qu’ça cause, la philo ???
Voici un court ouvrage qui traite simplement d’un sujet compliqué : la philo. Ca ne réconciliera pas les récalcitrants avec cette discipline, mais ça peut contribuer à en casser l’image « masturbation-intellectuelle-dans-un-langage-abscons-pour-universitaires-qui-ne-vivent-pas-la-vraie-vie ». Et forcément, quand on s’adresse à une jeune fille de seize ans, on a intérêt à ne pas se la jouer intello inintelligible.??Qu’on ne s’y trompe pas : Roger-Pol Droit ne résume pas l’histoire de la philo, il décortique la question « qu’est-ce que la philo ». Pas mal de notions sont abordées dans un langage simple et vivant. S’il est accessible à tous, cela ne veut pas dire qu’il s’adresse à tous. Si vous avez déjà lu quelques philosophes, ce livre ne vous apprendra pas grand-chose. Par contre si vous considérez la philo d’un œil méfiant, comme un alien qui risquerait de jouer avec votre cerveau et de le bousiller, si vous voyez en la philo un amas de mots inextricable, ce livre va dédramatiser tout ça ! Avant tout, il est constitue une première approche pour adolescents.
Traduction
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Livre audio
Type de texte : Intégral
Format : 2 CD
Interprété par Fabienne Guyon et Alexia Navion
Référence : LIV5643
Durée : 1h40mn
Prix HT : 17.98 €
Prix TTC : 21.50 €
« Philosophie » est un mot qui, souvent, fait peur. On imagine des questions terriblement compliquées, un vocabulaire énigmatique, des livres dont on ne comprend même pas le titre. Ce ne serait pas une activité pour tout le monde. On se trompe, en croyant cela. Car tout le monde s’interroge sur le sens de la vie, sur la mort, la justice, la liberté… Et chacun est capable de raisonner, d’organiser ses idées. C’est tout ce qu’il faut pour commencer à faire de la philosophie : des questions, et la capacité de réfléchir. Mais, trop vite rassuré, on risque de tomber dans un autre piège. La philosophie devient tellement simple, tellement banale qu’elle perd tout intérêt. Tout le monde ferait de la philo, comme on respire, sans même s’en rendre compte. On se trompe encore, en croyant cela. La philosophie n’est ni un casse-tête ni une activité naturelle et spontanée. On peut la pratiquer à différents niveaux, comme on fait de la musique ou du sport, en débutant ou en praticien confirmé, en amateur ou en professionnel. L’essentiel est de bien commencer…