101 expériences de philosophie quotidienne
C’est une 102e expérience que j’ai connue avec ce livre. Car cette collection de petits délires intimes, d’un genre inattendu, a rencontré un succès imprévu dans plus d’une vingtaine de pays. Des années plus tard, je découvre encore des spectacles, des jeux, des échanges qui le prennent pour point de départ. C’est exactement, en fait, ce dont j’avais rêvé : faire un livre qui m’échappe, et dont chaque lecteur fasse ce qu’il veut.
Présentation de l’éditeur
Ça va très vite. Vous faites durer le monde vingt minutes. Vous mettez les étoiles en bas. Vous téléphonez au hasard, buvez en pissant, épluchez une pomme dans votre tête. Vous faites l’animal, vous allez au cirque, vous inventez les titres de l’actualité. Vous passez dans un tableau, disparaissez à la terrasse d’un café. Vous ramez sur un lac chez vous, vous vous mettez à genoux pour réciter l’annuaire, vous partez à la recherche de la caresse infime.
A chaque fois, de petites portes s’ouvrent dans la tête. Le jeu consiste en effet à provoquer des déclics infimes, des impulsions minimales. Par des expériences à vivre. Au ras des choses, en jouant.
C’est ainsi depuis qu’il y a des philosophes : commencer à penser exige une pratique du décalage, du pas de côté, du changement d’optique.
Prix de l’essai France-Télévision 2001
101 expériences de philosophie quotidienne
Odile Jacob, 2001
Réédition Poche Odile Jacob, 2003
7,50 €
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Extrait
– 2 – Vider le sens d’un mot
Durée : 2 à 3 mn environ
Matériel : ce qu’on a sous la main
Effet : désymbolisant
Ça peut être n’importe où, et sans heure particulière. Il suffit, cette fois encore, que vous soyez sûr de n’être pas entendu. Mieux vaut n’être pas gêné, en cours de route, par la crainte du ridicule. Parler seul n’est rien. Etre épié et moqué troublerait le résultat recherché.
Donc, simplement quelque lieu où personne ne vous entend. Prenez ce que vous vous avez sous la main, l’objet le plus courant, un crayon, une montre, un verre, ou même une pièce de votre vêtement, bouton ou ceinture, poche ou lacet. Peu importe. Il suffit d’une chose banale. Sa dénomination est habituelle, sa présence est familière. A cet objet correspond pour vous, depuis toujours, le même mot. Identique, naturel, normal.
Prenez donc en main cette petite chose sans malice, sans étrangeté, sans risque. Répétez son nom, à voix basse, en la regardant. Fixez, par exemple, le crayon qui est entre vos doigts en répétant : « crayon », « crayon », « crayon », « crayon », « crayon », « crayon », « crayon », « crayon », « crayon », « crayon ». Vous pouvez continuer encore. Ce ne devrait pas être long. En quelques instants, le mot familier se décolle, se racornit. Vous ressassez une suite de sons étranges. Série de bruits absurdes, insignifiants, qui ne dénomment rien, ne désignent aucune chose et demeurent insensés, fluides ou râpeux.
Sans doute avez-vous déjà joué ainsi, enfant. Tous ou presque avons éprouvé ainsi l’extrême fragilité du lien entre mots et choses. Dès qu’on le tord ou le tire, dès qu’on le distend, ce lien cesse d’être simple. Il se noue ou se brise. Le terme se dessèche, s’émiette. Coquille éparpillée d’inanité sonore.
Ce qui arrive à l’objet n’est pas moins étonnant. Il semble que sa matière devienne plus épaisse, plus dense, plus brute. La chose est là davantage et autrement, dans son étrangeté innommable, dès qu’elle tombe en dehors du fin filet des vocables habituels.
Ce vieux jeu dissociatif, il faut le répéter. Tenter d’observer la fuite même du sens, l’émergence rêche du réel hors des mots. Entrevoir l’écaille sous la prose. Redire plusieurs fois le même mot, pour la même chose, dissipe toute signification. N’est-ce pas merveilleux ? Effrayant ? Drôle ? Quelques instants suffisent pour fissurer cette fine pellicule où nous nous tenons en place, satisfaits de pouvoir dire le nom des choses.
– 17 – Eplucher une pomme dans sa tête
Durée : 20 à 30 mn
Matériel : aucun
Effet : rassemblant
Nous nous croyons généralement capables de nous représenter la réalité quotidienne avec une assez grande exactitude. Objets environnants, lieux familiers, aliments, gestes accomplis de façon répétée nous paraissent clairement disponibles dans notre esprit. Nous pensons pouvoir allumer l’écran de notre conscience (si l’on ose dire) et y faire apparaître, avec une précision suffisante, toutes ces images connues. Sans doute avons-nous déjà plus de difficultés quand il s’agit d’évoquer des bruits et surtout des odeurs. Revivre mentalement un toucher (caresse, effleurement, baiser) est sans doute plus ardu encore.
Il se pourrait bien, malgré tout, que notre conviction de pouvoir reproduire la réalité dans notre tête – assez aisément et assez efficacement – soit pour une large part une illusion.
Pour éprouver cette difficulté habituellement masquée, il suffit, par exemple, de tenter d’éplucher une pomme dans sa tête. L’exercice paraît simple. Vous imaginez le fruit, le couteau, l’incision, la pelure, voilà tout. Et pourtant ! Vous devez d’abord, pour que l’image possède quelque rapport à la réalité, choisir une variété de pomme, vous représenter exactement sa taille, sa couleur, son grain particulier. Vous devez avoir en tête une pomme de cette variété, mais aussi dans cette variété une pomme singulière, dont les nuances de teintes, les parties éventuellement différentes, plus claires ou plus foncées, ou les bigarrures, et les petites taches, et les plis infimes vous apparaissent le plus clairement possible. Imaginez le couteau : son manche est-il en bois ? en plastique ? en métal ? sa lame est-elle crantée ? lisse ? terne ? aiguisée ? Est-ce un couteau de cuisine, un couvert bourgeois, un opinel de campagne, un laguiole chic-rustique ?
Et puis, comment allez-vous procéder ? En jouant à ne faire qu’une pelure unique, en tournant la pomme sur elle-même sans à-coups, sans rompre le rythme ? En découpant d’abord des quartiers, qui seront ensuite un à un débarrassés de leur peau ? Vous devez à chaque fois vous représenter les mouvements avec une précision chirurgicale, une exactitude photographique. Le but à atteindre, c’est que ce film exact de l’épluchage se déroule dans votre esprit plan par plan, image par image, seconde par seconde. Sans arrêt, sans raté, sans erreur. Aucun flou, aucune hésitation. Et surtout aucun blanc, aucune reprise. Vous n’avez pas droit à un raccord entre deux séquences.
Vous n’y arriverez pas, sauf grand entraînement, exceptionnelle maîtrise. Le plus probable est que vous perdiez le fil. La pomme change de couleur ou de forme, ses caractéristiques ne se maintiennent pas, l’épluchure ne tombe pas comme il faut, le couteau ne suit plus son chemin, le mouvement devient saccadé, les images sont hachées, pénibles à reprendre et à enchaîner sans heurt les unes aux autres. Vous pourrez constater, si vous répétez plusieurs fois cette expérience, que le résultat s’améliore. Il est possible de progresser, de manière parfois lente ou relativement pénible. C’est en tout cas un bon exercice de concentration. Mais cette expérience peut avant tout vous faire constater à quel point notre esprit est peu fidèle à la réalité, peu capable de la retenir ou de la reproduire correctement, bien présomptueux quand il se l’imagine.
– 22 – Compter jusqu’à mille
Durée : 15 à 20 minutes
Matériel : aucun
Effet : critique
En apparence, pas de surprise. Compter jusqu’à mille prendra un certain temps (environ 15 minutes, soit 900 secondes) et devrait être monotone.Tout paraît prévisible, s’annonce régulier. Vous vous attendez à un exercice mécanique et plat.
Ce n’est pas le cas. On ne peut échapper à de fortes fluctuations. Il y a des passages aisés, des descentes, de longues pentes en ligne droite, comme les vieilles routes nationales bordées de peupliers ou de gros platanes, et puis des collines, des escarpements, des virages en côte, notamment quand on aborde les contreforts des 500. Vous vous attendiez à ne découvrir que des chiffres, vous voilà embarqués dans des voyages d’enfance, des cours d’école primaire, des histoires d’encrier, de blouse, de préau, d’éponges dans les cartables. Vous vous retrouvez dans des montagnes russes, des scenic railways, des zéro de conduite. Vous comptez en noir et blanc.
Ce devait être une affaire de routine, une opération mécanique. Ça devient une aventure pas commode à maîtriser. Ne me suis-je pas trompé de dizaine ? N’ai-je pas sauté quelque chose ? Oublié une unité ? Une centaine ? N’ai-je pas fait une erreur, à l’instant, quand je pensais à autre chose ? Au lieu d’être facile, continu, ordonné, le parcours de 1 à 1000 est truffé d’ornières, de chausse trappes. Vous risquez toujours de vous enliser, définitivement, de sombrer dans une lacune. Ne plus savoir, bafouiller, tout recommencer. Indéfiniment ?
Non, finalement, vous voilà au bout. Qu’avez-vous appris ? Une seule chose : mille est déjà un grand nombre. Vous pouvez le parcourir, mais il y faut du temps, un bon quart d’heure, et des hauts et des bas. Ce nombre, il est exclu que vous puissiez l’embrasser tout entier, le considérer d’un seul coup d’œil. Quand vous aurez fini de compter, songez que mille ans, ou mille personnes, sont de vastes ensembles. Considérez que mille fois mille est tout à fait hors de votre capacité de représentation, et a fortiori qu’un milliard (mille fois mille fois mille) ne parle qu’à votre raison, nullement à votre sensibilité. Cela fait tant que vous ne savez combien. Songez alors, brièvement, à l’actuelle humanité.
Avis
Le Monde
Vivre comme dans un hamacArticle paru dans l’édition du 09.02.01
En 101 exercices aussi faciles que singuliers, Roger-Pol Droit invite à éprouver la réalité pour échapper à un monde trop plein de certitudes
Nous vivons dans un monde pragmatique. Le mot d’ordre de notre époque, c’est l’efficacité. C’est ce que semble nous rappeler Roger-Pol Droit dans un essai qui rompt avec sa manière habituelle pour nous proposer une philosophie praticable quotidiennement, à la portée de tous et utile.
Ces 101 expériences de philosophie quotidienne sont autant de petits exercices extrêmement faciles à réaliser : s’appeler soi-même, marcher dans le noir, compter jusqu’à mille, s’arracher un cheveu, grogner dix minutes… En tête de chaque chapitre, une capsule nous indique la durée requise par l’expérience (d’une seconde à une vie entière), le matériel nécessaire (procuré en général par l’expérience elle-même), et, surtout, l’effet : double (« S’appeler soi-même »), apaisant (« Attendre sans rien faire »), déconcertant (« Savoir qu’on parle »), cosmique (« Voir les étoiles en bas »), introspectif (« Descendre un escalier sans fin »), etc. Dans ce livre, qui tient à la fois du guide spirituel, du self-help book à l’américaine, du manuel de recettes de cuisine et du cours de yoga, Roger-Pol Droit s’adresse au lecteur à l’impératif pour l’inviter à s’ouvrir à une autre écoute ou à un autre regard et à prêter attention à ce qu’il ne remarque pas d’habitude comme, dans certains cours de gymnastique, on vous demande de crisper et de détendre des muscles dont on n’avait, jusque-là, jamais eu conscience.
Les expériences sont toutes basées sur la sensation : « Rien à comprendre. Tout à éprouver. » Se provoquer une douleur brève en se pinçant lors d’un cours ou d’un spectacle horriblement ennuyeux aura ainsi deux effets : l’un, immédiat, consiste à retrouver le contact avec la réalité ( « Effet : retour sur terre » ) et l’autre, à plus long terme et plus métaphysique, à s’interroger sur les rapports entre souffrance et réalité : « Il ne reste qu’une question, que vous allez devoir ruminer : pourquoi la souffrance peut-elle redonner accès à la réalité ? Simple effet de rappel ? Brusque contraste ? Ou bien avons-nous mis en place, au fil des millénaires, une telle manière de vivre que la douleur est devenue comme le premier indice du monde ? Question lancinante. » Proposant au lecteur de « s’arracher un cheveu » ( « Effet : infime » ), Roger-Pol Droit écrit : « Voilà bien une expérience idiote, direz-vous : tout à fait inutile, dépourvue d’intérêt. Vous avez entièrement raison. C’est justement à cela qu’elle sert : rendre sensible une infinité de questions sans portée autant que sans réponse. »
L’« effet » : telle est, semble-t-il, la clef de voûte de cet ouvrage. Mais on s’aperçoit vite qu’il ne s’agit que d’un faux-semblant, d’un leurre qui vise à nous prendre au piège de l’efficacité. L’absurdité des expériences ici proposées ne permet pas de s’y tromper : ce que Roger-Pol Droit prend pour cible, c’est justement l’idéologie de l’utile. Avec un humour tout surréaliste (tempéré parfois par une pointe de moralisme ou de nostalgie), il nous invite à « décoller » pour échapper à un monde trop plein de sens et de certitude : « Le but est de susciter ce léger malaise, pas forcément désagréable, qui accompagne un petit décollement de soi par rapport à soi. »
Le vrai, l’unique impératif de ce livre, le voici : « Soyez décalé. » Que l’on s’entraîne à « Voir le paysage comme une toile tendue », « Vider le sens d’un mot », « Eplucher une pomme dans sa tête » ou « Se fabriquer des vies », la plupart de ces expériences ne sont que des exercices d’imagination visant à « simplement faire basculer l’univers » : « Le point auquel il convient de parvenir est celui où vous ne discernez plus la frontière entre vos fictions et votre vraie vie – ou plutôt, ce qui revient au même, le point où vous pouvez vous dire, sans coup de force ni soudaine folie, que ce que vous aviez l’habitude de considérer naguère comme votre «vraie vie» n’est, en fait, qu’une fiction parmi d’autres. »
Ce que Roger-Pol Droit dénonce et met au ban, c’est la réalité plate, pleine et solide dans laquelle nous vivons. Sa philosophie ne vise pas à nous apprendre à supporter l’angoisse, mais, au contraire, à angoisser davantage. C’est cela que nous ne savons plus faire : douter – de la réalité du monde, du sens des mots, de notre propre identité. Il faut, dit-il, « tenir dans la vie comme dans un hamac ». Son livre est un éloge du trouble, de l’égarement, de « l’équilibre instable », du « trou dans la continuité des choses » qui vient « faire vaciller l’évidence », des « crevasses soudaines dans le quotidien compact », des « petites trouées d’étrangeté ». Vingt ans après la mort de Roland Barthes et comme pour fêter cet anniversaire, Roger-Pol Droit a retrouvé le secret barthésien d’une écriture à la fois personnelle et philosophique, subtile et ironique, flottant entre essai et fiction, théorie et pratique, réalisme et mythologie. Dans son introduction, il insiste sur la nécessité, pour le lecteur, de « s’exercer réellement ». L’on peut douter que ce dernier, le livre refermé, s’abreuvera tout en urinant pour avoir le plaisir de se sentir un corps sans organe, traversé par l’eau (« Boire en pissant ». « Effet : ouvrant » ) ; mais on est sûr qu’il aura goûté le plaisir du texte – d’un texte qui sait nous ramener au degré zéro de la philosophie : l’étonnement.
CATHERINE CUSSET
L’Express.fr
Au bonheur du cogitoPar Lenoir Frédéric, publié le 08/03/2001
Quand Schopenhauer et Roger-Pol Droit nous apprennent à méditer
La philosophie peut-elle aider à vivre? Cruciale pour les Anciens, cette question avait perdu de sa pertinence chez les Modernes, qui préféraient la philosophie politique ou spéculative à la sagesse pratique. Mais, depuis une dizaine d’années, les questions du sens, du bonheur, de la vie bonne réinvestissent le champ philosophique. Dans ce contexte «porteur», il convient de saluer la publication d’un inédit d’Arthur Schopenhauer, L’Art d’être heureux. Schopenhauer est célèbre pour son pessimisme radical et l’assimilation de sa pensée à une sorte de bouddhisme nihiliste. Mais le vieux sage de Francfort a cherché toute sa vie un réconfort dans le patrimoine philosophique et littéraire de l’humanité.
Il a ainsi progressivement élaboré cinquante règles de vie constituées de notes personnelles, de maximes, d’adages et de citations d’auteurs. Edité pour la première fois par Franco Volpi, ce «bréviaire pour une vie heureuse» vient de connaître un large succès en Italie. Partant de cette édition originale, l’excellente traduction de Jean-Louis Schlegel sur le texte même de Schopenhauer met aujourd’hui à la portée du public français ce joyau de sagesse universelle.
Mais suffit-il d’appliquer des sentences tirées de l’expérience d’autrui pour mener une «existence philosophique», selon la belle formule d’Aristote? Ne faut-il pas aussi, et avant tout, tirer les leçons de sa propre expérience et apprendre à philosopher par soi-même? Partant du constat que la philosophie naît de l’étonnement, de l’émerveillement, du changement d’optique, Roger-Pol Droit nous offre des exercices pratiques pour apprendre à philosopher. Cela va de «téléphoner au hasard» à «imaginer qu’on va mourir», en passant par «couper le son de la télé» ou «entrer dans l’espace d’un tableau». Aussi drôles qu’utiles, ces 101 Expériences de philosophie quotidienne constituent un excellent viatique pour ceux qui veulent s’aventurer sur les chemins de la philosophie en acte.
Le Magazine Littéraire
Magazine Littéraire n°397 – 01/04/2001
Quelle réussite ! Le succès de ce livre s’explique on ne peut mieux. Ayez un agrégé de philosophie chercheur au cnrs, amateur de jeux de mots, spécialiste du bouddhisme, doté d’une invisible érudition et d’un solide sens de l’humour ; faites revenir sur grand feu pour saisir, laissez frémir quelque vingt ans à petit feu, couvrez herméneutiquement. Et lorsque vous soulèverez le couvercle, le parfum de l’épice philosophique vous fera saliver. Qu’appellera-t-on épice philosophique ? La joyeuse mise en scène d’expériences métaphysiques. On en trouve dans Kant, on en trouve dans Bergson, mais diluées dans un texte par ailleurs écrasant. Mais Roger-Pol Droit a longtemps travaillé le bouddhisme, qui apprend les modulations antagoniques entre le sérieux et l’humour : comme un maître zen qui frappe un coup violent sur la tête du disciple, pour rompre la routine et brusquer la conscience, notre auteur cherche à vous saisir au vif. Sans brutalité, toutefois.
Catherine Clément
L’Express.fr
Comment la philo nous aide à mieux vivre par François Busnel
Débarrassée de son jargon, elle est désormais fraternelle et accessible à tous: la philosophie ne prétend plus changer le monde, mais cherche à nous rendre plus heureux. Après les maîtres-penseurs, voici les frères panseurs. Enquête
C’est la bonne nouvelle de la rentrée: pendant que la France tournait ses regards vers les héros de Loft Story, pendant que le voyeurisme triomphait dans la publicité ou sur Internet, les libraires vendaient des livres. Et, si La Vie sexuelle de Catherine M. a longtemps caracolé en tête des meilleures ventes de romans, la surprise est venue, du côté des essais, de petits textes brefs et percutants qui tous convergent vers un même but: redonner du sens à l’existence. Les 101 Expériences de philosophie quotidienne, de Roger-Pol Droit (1), et l’Antimanuel de philosophie, de Michel Onfray (2) – qui approchent tous deux les 50 000 exemplaires vendus – se sont taillé la part du lion. Et ce n’est qu’un début. La philosophie, en tout cas celle qui nous aide à mieux vivre, revient en force.
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Traduction
- traduit en italien,
- en allemand,
- en anglais (édition anglaise, édition américaine),
- en espagnol (édition espagnole, édition argentine),
- en portugais (édition brésilienne, édition portugaise),
- en coréen,
- en néerlandais,
- en finnois, en grec,
- en suédois,
- en norvégien,
- en danois,
- en japonais,
- en estonien,
- en tchèque,
- en chinois (édition de Taïwan, édition de Chine Populaire),
- en hébreu,
- en polonais
Adaptations télévisées
En 2003, l’émission VUES DE L’ESPRIT Série de 40 programmes courts (6 min.) diffusée sur France 5 a été adaptée des 101 Expériences de philosophie quotidienne. Cette émission proposée par Monique Atlan et Roger-Pol Droit mettait en scène chaque fois un invité qui faisait l’une des expériences et la commentait.
Notammment :
• Edouard Baer • Michel Boujenah • Philippe Gelluck • Tom Novembre • Umberto Eco • Claude Hagège • Philippe Sollers • Stéphane Freiss • Marie Depleschin • Tahar Ben Jelloun • Anne Roumanoff • Alain Passard • Arturo Brachetti • Bernard Werber • Virginie Lemoine • Ivan Levaï • Jean-Claude Dreyfus • Charlélie • Raphaël Mezrahi • François Morel • Tonino Benacquista • Julia Kristeva • Juliette • Jean-Didier Vincent • Pascal Bruckner • Patrick Braoudé • Jean-Louis Aubert |
S’installer dans la planète des petits gestes Tenir dans un hamac Attendre sans rien faire Faire l’éloge du Père Noël Compter jusqu’à mille Vider le sens d’un mot Se mettre à genoux pour réciter l’annuaire Aller chez le coiffeur Grogner dix minutes Songer à tous les lieux du monde Jouer avec un enfant Chercher un aliment bleu Rôder la nuit Voir les étoiles en bas S’arracher un cheveu Inventer les titres de l’actualité S’appeler soi-même Calligraphier Songer à ce que font les autres Faire l’animal Regarder la télévision sans le son Retrouver des souvenirs perdus Manger une substance sans nom Contempler un cadavre d’oiseau Se provoquer une douleur brève Observer la poussière dans le soleil Courir dans un cimetière |