Sumériens, Olmèques, Étrusques… Huit civilisations perdues
– 3000 à – 2001 Sumérienne
En Mésopotamie, sur le territoire de l’actuel Irak, plus de trois mille ans avant notre ère, la civilisation sumérienne a inventé l’écriture, la gestion des stocks, les contrats commerciaux et quantité d’autres leviers fondamentaux du progrès. Révoltes et revers militaires sont peut-être les causes de sa disparition, à laquelle remédia, en 1855, le déchiffrement de l’écriture cunéiforme par Jules Oppert, qui permit l’exploration des miliers de tablettes retrouvées ensuite par les archéologues.
– 3000 à – 1200 Minoenne
En Crète, l’île du roi Minos, de 3000 à 1200 avant Jésus-Christ, a vu fleurir une civilisation dont les palais, les écritures, la métallurgie, les céramiques et poteries, les fresques et le grand raffinement n’ont cessé de fasciner depuis qu’Arthur John Evans, au cours des années 1900, en a exhumé les vestiges, qu’il a en grande partie reconstitués. Les motifs de sa disparition sont controversés, les tremblements de terre n’étant plus considérés comme une explication suffisante.
– 1200 à – 500 Olmèque
C’est en 1862 que fut découverte au Mexique, par hasard, la première tête de pierre, colossale, caractéristique de cette civilisation perdue. Mais ce n’est qu’à partir de 1925 que commença l’étude des vestiges (sculptures, maisons), montrant l’étendue des territoires (golfe du Mexique, parties des actuels Guatemala et Costa Rica) et l’ancienneté des implantations (à partir de 1200 av. J.-C.). Surnommés « Sumériens du Nouveau Monde », parce qu’ils semblent avoir été la matrice d’autres civilisations amérindiennes, les Olmèques ont aussi donné lieu à des rêveries sur leurs relations présumées avec des extraterrestres. Les causes de leur disparition demeurent méconnues.
– 600 à – 350 Etrusque
Avant que Rome n’existe, dans l’actuelle Toscane et le nord de l’Italie, le monde étrusque s’est développé en organisant notamment des relations commerciales étendues. Les tombes, statues et objets, retrouvés et étudiés dès la Renaissance, attestent une création dense qui fascinera les préromantiques. Les conflits avec Rome et les défaites militaires qui s’ensuivirent ont mis fin à l’autonomie des Etrusques, mais leur apport au monde antique a perduré.
– 600 à 106 Nabatéenne
Etrange peuple que les Nabatéens, commerçants des déserts, experts en caravanes, en itinéraires, en échanges stratégiques allant du Yémen à l’Egypte. Etablis au cours du VIe siècle avant notre ère dans le sud de l’actuelle Jordanie et le nord de l’Arabie, ils fondent notamment la ville de Hégra et celle de Pétra, capitale creusée à même la roche. La ville ne fut redécouverte qu’en 1812, car les Nabatéens perdirent leur indépendance sous Trajan en 106 : leur royaume devint une province romaine et ils finirent par se convertir au christianisme avant que leur civilisation ne disparaisse.
800 à 1300 Khmère
Du IXe au XIIIe siècle de notre ère, une civilisation féconde et prospère a régné sur un vaste territoire rassemblant Thaïlande, Cambodge, Laos, Vietnam, Birmanie. On estime qu’Angkor, à l’apogée des Khmers, pouvait avoir un million d’habitants. Marqué par l’hindouisme et le bouddhisme, ce vaste empire semble s’être écroulé sous la conjugaison des excès de bureaucratie, des immigrations et de l’appauvrissement des sols. Oublié, il ne fut redécouvert qu’au XIXe siècle, principalement par des Français, qui occupaient alors l’Indochine.
900 à 1300 Anasazie
L’apogée des Anasazis se situe entre le Xe et le XIIIe siècle de notre ère, dans le sud-ouest des Etats-Unis actuels (Colorado, Utah, Arizona…). Tissant le coton, fabriquant des céramiques, ce peuple amérindien est connu pour la construction de nombreux pueblos (villages) en brique de terre, en pierre ou creusés à même les falaises des canyons. Il a disparu avant l’arrivée des Européens pour des raisons mal élucidées, liées sans doute au climat.
1200 à 1900 Ile de Pâques
C’est un des lieux les plus isolés du monde, entre les côtes chiliennes, à 3 600 kilomètres, et Tahiti, à 4 000 kilomètres. En 1722, un navigateur néerlandais y repère les statues de basalte qui vont devenir l’un des plus célèbres symboles des civilisations disparues. Constituée sans doute vers 1200 de notre ère par des Polynésiens, cette civilisation, étudiée notamment par Alfred Métraux, aurait subi les effets de la déforestation qu’elle aurait elle-même provoquée. Le géographe Jared Diamond a étudié cet exemple dans « Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie » (2005).