La face cachée de Voltaire
Rousseau a 300 ans, toutes ses dents et les faveurs du jour. De toutes parts, cette année, ses vertus sont célébrées. Il est vrai qu’il a tout pour plaire : écologiste avant l’heure, humanitaire avant la lettre, indigné avant tout le monde. Mais Jean-Jacques n’est pas, et de loin, la seule grande figure du siècle des Lumières. 2013 va le confirmer : l’allègre Diderot aura 3 siècles à son tour, et l’éblouissant Laurence Sterne soufflera, lui aussi, ses 300 bougies.
Celui qui s’efface, qu’on lit moins, qui semble presque tomber dans l’oubli, c’est Voltaire. Il a ce qu’il faut pour déplaire : il aime l’argent, la gloire, le progrès, la raison. Il se méfie du peuple, que nous croyons infaillible, et lutte sans relâche contre un clergé qui, à présent, a disparu. Personne ne s’inquiète plus des pouvoirs de l’Église, à part deux ou trois attardés qui se croient encore au XIXe siècle.
Pourtant, avant toute chose, il faut souligner la grandeur de Voltaire. Elle est réelle, et son courage n’est pas une fable. S’il repose au Panthéon depuis 1791, ce n’est ni par hasard ni par erreur. Il est bien le premier – avant Zola, Sartre, Aron et tant d’autres – qui inventa la figure moderne de l’intellectuel, conscience libre au service des idéaux de justice, de tolérance et de liberté. Avant lui, aucun homme d’idées et de plume n’avait jamais fait rapporter une décision de justice contraire à la dignité et à l’humanité. L’affaire Calas, l’affaire Sirven, celle du chevalier de La Barre furent pour le philosophe de grandes batailles, de belles victoires. Voltaire a pris des risques, il a consacré à ces hautes luttes du temps et des forces, sans en attendre aucun profit. Quand il se lance dans ces combats, l’écrivain a passé la soixantaine, il a fait fortune, assis sa notoriété dans toute l’Europe. Il ne se bat pas pour sa gloire, mais pour des principes universels.
Les préjugés oubliés
Tout le monde connaît cette face claire. Elle a fait de Voltaire une icône, une gloire de la France, une idole du peuple, une référence fondatrice de la Révolution française et de l’esprit républicain. Il y a pourtant une autre face, bien moins connue, déconcertante, où le même homme paraît d’abord ouvertement raciste. Ainsi, dans l' »Essai sur les moeurs et l’esprit des nations » (1756), il est vraiment très loin d’affirmer l’unité du genre humain : « Il n’est permis qu’à un aveugle,écrit Voltaire,de douter que les Blancs, les nègres, les albinos, les Hottentots, les Chinois, les Américains ne soient des races entièrement différentes. » On le découvre aussi, au fil des pages, misogyne, homophobe, antijuif, islamophobe… L’inventaire de ces textes oubliés surprend, puis inquiète, finalement interpelle. Ce super-héros serait-il un super-salaud ? L’homme des Lumières, un ami des ténèbres ? Devrait-on décrocher son tableau d’adversaire résolu des fanatismes et de prince de la tolérance pour le remplacer par un autre, celui d’un homme obtus, truffé de préjugés, de mépris et de haines ?
Il faut d’abord s’informer, lire de près, quitte à se frotter parfois les yeux, pour prendre la mesure de ce Voltaire méconnu, antipathique, souvent abject. Pour le dénicher, il faut un peu de patience et quelques recherches. Ce n’est pas que ces textes soient marginaux – le pire ne se cache pas dans des fonds de tiroir, dans des opuscules inconnus. On le trouve, au contraire, dans des oeuvres centrales, incontestables et célèbres, comme le « Dictionnaire philosophique », de 1764. Mais les versions actuelles sont prudemment expurgées ! Essayez donc de trouver dans nos librairies les articles « Femme » ou « Juif » – le plus long de tous dans l’édition originale -, ils ont disparu. En allant les lire, on en apprend de belles.
Sexiste ordinaire
On prend d’abord l’amant de Mme du Châtelet en flagrant délit de misogynie pure et dure. Que dit en effet de la femme l’édifiant article du « Dictionnaire philosophique » ? « En général, elle est bien moins forte que l’homme, moins grande, moins capable de longs travaux ; son sang est aqueux, sa chair moins compacte, ses cheveux plus longs, ses membres plus arrondis, les bras moins musculeux, la bouche plus petite, les fesses plus relevées, les hanches plus écartées, le ventre plus large. Ces caractères distinguent les femmes dans toute la terre, chez toutes les espèces, depuis la Laponie jusqu’à la côte de Guinée, en Amérique comme à la Chine. » Lectrices et lecteurs d’aujourd’hui ne sont pas au bout de leurs surprises. Ce même article explique combien les femmes, plus faibles, sont aussi plus douces et il disserte complaisamment de la polygamie en faisant dire à un Allemand de la part d’un vizir : « Tu changes de vins, souffre que je change de femmes. Que chacun laisse vivre les autres à la mode de leur pays. »
Sexiste ordinaire, Voltaire se révèle aussi homophobe virulent. Face aux amours entre hommes, il ne semble plus vouloir laisser vivre chacun selon ses moeurs. L’homosexualité masculine est pour lui un « sujet honteux et dégoûtant », un « attentat infâme contre la nature », une « abomination dégoûtante », une « turpitude » (article « Amour socratique » du « Dictionnaire philosophique »). Il tente même d’en disculper les Grecs et minimise la place des relations sexuelles entre hommes dans l’Antiquité. Pareil acharnement est d’autant plus curieux qu’il est difficile de l’imputer au climat de l’époque : les élites du XVIIIe siècle sont de moins en moins sévères à ce propos, et Frédéric II de Prusse, que Voltaire a conseillé et fréquenté assidûment, revendiquait sans vergogne son homosexualité. La plupart des philosophes des Lumières sont d’ailleurs plus que tolérants envers les partenaires de même sexe. Au contraire, Voltaire n’a cessé de juger ces moeurs contre nature, dangereuses, infâmes. Encore un point qu’on ne souligne presque jamais.
La haine des juifs
Pas plus qu’on ne s’attarde, généralement, à mettre l’accent sur la haine que Voltaire attise envers les juifs. Il parle d’eux abondamment, et de manière récurrente, comme du « plus abominable peuple de la terre », et cela tout au long des mêmes années glorieuses où il défend Calas et la tolérance. C’est d’ailleurs à l’article « Tolérance » du « Dictionnaire philosophique » qu’il est sans doute le plus ouvertement ignoble : « C’est à regret que je parle des juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre. »
Ces écrits ne sont certes pas inconnus. Léon Poliakov les a rappelés, en 1968, dans son « Histoire de l’antisémitisme », et Pierre-André Taguieff dans « La judéophobie des Modernes » (Odile Jacob, 2008). Malgré tout, ce sont des textes qu’on esquive en omettant de les éditer ou bien, quand ils sont disponibles, en évitant de les lire. On y voit pourtant Voltaire accuser le peuple juif de tous les vices, lui faisant porter la responsabilité des persécutions qu’il endure, lui attribuant tour à tour lois absurdes, ignorance crasse, cupidité sans frein, misanthropie farouche.
Voltaire, antisémite ? Voilà qui ne fait guère de doute, à condition de ne pas tomber dans le piège de l’anachronisme. Antijuif au point d’être salement injurieux, méprisant et injuste, Voltaire ignore bien évidemment l’antisémitisme de persécution raciale, qui apparaîtra une centaine d’années après sa mort avec les doctrines biologisantes inventées par l’Allemagne du XIXe siècle. Malgré tout, la proximité entre ses attaques et l’antisémitisme moderne est suffisante pour que des hommes de Vichy, en 1942, aient pu considérer les textes de Voltaire comme une aubaine, au point de les utiliser comme instrument de propagande dans la France allemande.
Mahomet, « tyran criminel »
Du côté de l’islam, enfin, la situation est d’abord aussi catastrophique. Dans sa pièce « Le fanatisme ou Mahomet », rédigée en 1736, jouée à Lille puis à Paris en 1741 et 1742, Voltaire juge le Prophète en des termes qui sont, eux aussi, d’une extrême violence. Au fil des dialogues, Mahomet est appelé « monstre », « imposteur », « barbare », « Arabe insolent », « brigand », « traître », « fourbe », « cruel »- avec pour finir le verdict sans appel de cet alexandrin : « Et de tous les tyrans c’est le plus criminel. » Voilà qui suffit largement pour ranger notre icône des Lumières dans la catégorie des islamophobes – au prix, là encore, d’un anachronisme, puisque le mot est de notre époque, non de la sienne. Il n’empêche que, si n’importe quel intellectuel d’aujourd’hui publiait le quart de ces injures, il aurait à ses basques non seulement des pétitions indignées, mais peut-être, quelque fatwa aidant, des assassins à ses trousses. Ce n’est pas un hasard si les représentations de cette pièce, en 2005, ont suscité protestations et menaces.
On aurait tort, toutefois, de s’en tenir là. Car Voltaire s’adoucira. Plus tard, notamment dans l' »Essai sur les moeurs et l’esprit des nations », de 1756, il change ses jugements, au point de devenir élogieux envers le monde musulman, de voir en l’islam une religion sage et austère, d’insister sur ses aspects philosophiques et tolérants. On ne saura oublier que c’est sans doute moins l’islam qui l’intéresse que l’usage qu’il peut en faire contre le catholicisme. Certains expliquent ainsi la plupart des violences voltairiennes ; ne pensant qu’à »écraser l’infâme »(le fanatisme, incarné par l’Église et le clergé), le philosophe ferait feu de tout bois. S’il attaque tant les juifs, ce serait parce que le christianisme se réclame de la Bible, s’il dénonce la violence de Mahomet, c’est en visant celle des chrétiens, s’il loue la tolérance musulmane, c’est pour mieux dénoncer la religion chrétienne, »la plus ridicule, la plus absurde et la plus sanguinaire qui ait jamais infecté le monde », écrit-il à Frédéric II de Prusse en 1767.
Partiellement juste, cette explication par l’antichristianisme ne justifie pas tout. Parcourir tant de pages où le héros de la tolérance se révèle haineux et méprisant laisse un goût amer et des interrogations ouvertes. Pour s’en sortir, on ne dispose que d’hypothèses. On peut notamment essayer d’en appeler à l' »air du temps » : tous ces préjugés qui nous embarrassent, ces jugements péjoratifs et offensants sur les femmes, les homosexuels, les juifs, les musulmans… ne seraient qu’inévitables, et donc excusables, séquelles des temps anciens.
« À l’époque », dira-t-on, pareils énoncés n’avaient pas le même sens ni la même portée qu’aujourd’hui. Habituelle et facile, cette réponse s’en tire à bon compte et ne va pas loin. Certes, on ne peut nier que les sensibilités évoluent, mais il est également bien facile de trouver, parmi les contemporains de Voltaire, des penseurs qui combattaient pour l’égalité des sexes, la liberté des moeurs, la dignité des juifs et celle des musulmans. Vingt ans avant la naissance de Voltaire, par exemple, François Poulain de la Barre publiait « De l’égalité des deux sexes » (1673), l’un des premiers grands classiques du féminisme, »où l’on voit l’importance de se défaire des préjugés ». En 1714, le philosophe irlandais John Toland, libre-penseur, publiait un texte délibérément « philosémite », « Reasons for Naturalizing the Jews in Great Britain and Ireland ». Eux et quelques autres contrevenaient donc à cet « air du temps » supposé tout-puissant, et l’on eût aimé compter Voltaire en leur compagnie. Ce n’est pas le cas.
Dès lors, certains seront tentés de le brûler. Aux indulgents, qui dissolvent ses propos infâmes dans les habitudes de l’époque, succèdent les teigneux à courte vue, qui aiment par-dessus tout cracher sur les idoles et déboulonner les statues. Si le philosophe de Ferney n’est plus tout entier admirable, diront-ils, qu’on le jette tout entier, qu’on l’oublie à jamais ! Au lieu du Panthéon, les poubelles de l’Histoire. Voilà encore une esquive, elle aussi bien simpliste. Car la difficulté, la seule intéressante, est d’affronter la coexistence de ces deux faces : ici tolérance, raison, Lumières, là mépris, calomnies, exclusions.
Sans prétendre détenir « la » solution, il est possible de proposer une dernière hypothèse. Ce qu’incarne Voltaire, dans ses contrastes et ses contradictions, il se pourrait bien que ce soit tout simplement… la France, dans ce qu’elle a simultanément de grand et d’ignoble. Il faudrait alors envisager que la France soit à la fois universelle et xénophobe, tolérante et excluante, égalitaire et bornée. Sans doute est-ce là une éventualité peu agréable à entendre, et encore moins à creuser. Pourtant, nos récentes campagnes électorales semblent avoir confirmé cette image paradoxale. La plupart du temps, nous nous employons assidûment à l’éviter, préférant ne penser qu’une seule face de la France. Le miroir que nous tend Voltaire, avec son tain parsemé de vilaines taches noires, est peut-être là pour nous rappeler la situation compliquée de la pensée française. Cette situation resterait en fait, pour l’essentiel, à penser. Si c’est le cas, est-il si étonnant qu’on ne lise plus vraiment Voltaire ?
Misogyne
» Plus faibles, les femmes sont plus douces.
Les femmes étant plus faibles de corps que nous ; ayant plus d’adresse dans leurs doigts, beaucoup plus souples que les nôtres ; ne pouvant guère travailler aux ouvrages pénibles de la maçonnerie, de la charpente, de la métallurgie, de la charrue ; étant nécessairement chargées des petits travaux plus légers de l’intérieur de la maison, et surtout du soin des enfants ; menant une vie plus sédentaire ; elles doivent avoir plus de douceur dans le caractère que la race masculine. »
» Dictionnaire philosophique « , article » Femme « , 1764.
Homophobe
» L’homosexualité, une infamie. Cependant, malgré ces idées si éloignées de nos opinions et de nos moeurs, ce vice était regardé chez les Grecs comme une débauche honteuse toutes les fois qu’il se montrait à découvert et sans l’excuse de l’amitié ou des liaisons politiques. Lorsque Philippe vit sur le champ de bataille de Chéronée tous les soldats qui composaient le bataillon sacré, le bataillon des amis à Thèbes, tués dans le rang où ils avaient combattu : » Je ne croirai jamais, s’écria-t-il, que de si braves gens aient pu faire ou souffrir rien de honteux. « Ce mot d’un homme souillé lui-même de cette infamie est une preuve certaine de l’opinion générale des Grecs. »
Mahomet imposteur
» Contre ses attentats vous pouviez autrefois Lever impunément le fer sacré des lois, Et des embrasements d’une guerre immortelle
Etouffer sous vos pieds la première étincelle. Mahomet citoyen ne parut à vos yeux Qu’un novateur obscur, un vil séditieux. Aujourd’hui, c’est un prince ;
il triomphe, il domine ; Imposteur à La Mecque et prophète à Médine, Il sait faire adorer à trente nations Tous ces mêmes forfaits qu’ici nous détestons. Que dis-je ? En ces murs même une troupe égarée, Des poisons de l’erreur avec zèle enivrée, De ses miracles faux soutient l’illusion, Répand le fanatisme et la sédition, Appelle son armée et croit qu’un Dieu terrible L’inspire, le conduit et le rend invincible.
Bannis toute imposture et d’un coup d’oeil plus sage Regarde ce prophète à qui tu rends hommage ; Vois l’homme en Mahomet ; conçois par quel degré
Tu fais monter aux cieux ton fantôme adoré. Enthousiaste ou fourbe, il faut cesser de l’être ; Sers-toi de ta raison, juge avec moi ton maître : Tu verras de chameaux un grossier conducteur, Chez sa première épouse insolent imposteur, Qui, sous le vain appât d’un songe ridicule, Des plus vils des humains tente la foi crédule. »
» Le fanatisme ou Mahomet « , 1736.
La récupération par Vichy
En février 1942, au moment où les nazis tuent les juifs d’Europe et préparent les camps d’extermination, sort à Paris : » Voltaire antijuif « . Ce volume de 262 pages a été publié par Les Documents contemporains grâce à des fonds allemands, débloqués par Goebbels à la demande de l’auteur de cette anthologie de textes de Voltaire, le professeur Henri Labroue (1880-1964). Cet antisémite virulent, ami de Louis Darquier de Pellepoix et d’Abel Bonnard, inaugura à la Sorbonne, le 15 décembre 1942, un cours de prétendue » histoire du judaïsme » qui n’était que propagande antisémite. Son objectif, en rassemblant les textes de Voltaire contre les juifs, était d’établir l’ancienneté de l’antisémitisme français. L’important à noter est qu’il ait pu penser, dans ce contexte, trouver matière suffisante dans ces écrits pour cette besogne.
Henri Labroue fut exclu de l’Université en février 1945, condamné à vingt ans de réclusion et libéré à la fin de 1951
Repères
1694 Naissance à Paris.
1711 S’inscrit à la faculté de droit, passe son temps ailleurs.
1716 Emprisonné pour des vers moquant le régent.
1718 Succès de sa tragédie » OEdipe « .
1726-28 Querelle avec le chevalier de Rohan, nouveau séjour à la Bastille et départ pour Londres.
1729 Fait fortune en achetant tous les billets d’une loterie.
1734 Publie les » Lettres philosophiques « .
1745-46 Triomphe à la Cour, entre à l’Académie française.
1750-53 Séjourne en Prusse.
1758 S’installe à Ferney, près de la frontière suisse.
1764 Publie le » Traité sur la tolérance « .
1778 Revient triomphalement à Paris et y meurt.
Tout voltaire (ou presque) pour 50 euros
Face à l’oeuvre, immense, plusieurs centaines de volumes, peu accessibles sauf dans certaines bibliothèques désormais, une solution existe. Des amateurs ont mis les oeuvres complètes (ou presque) sur un CD-ROM vendu 50 euros. Le texte est établi sur l’édition Moland de 1875. Le résultat est rustique, mais bien utile (1).
A signaler également, la parution récente d’une bonne introduction à la lecture philosophique de Voltaire par Alain Sager, » Apprendre à philosopher avec Voltaire » (Ellipses, 256 p., 10,20 E).
1. Association Voltaire intégral éditeur, 53, avenue de l’Adjudant-Réau, 86530 Naintré. www.voltaire-integral.com.
Pour lui, les juifs…
… pratiquaient des sacrifices humains. » Il n’est donc que trop vrai que les juifs, suivant leurs lois, sacrifiaient des victimes humaines. Cet acte de religion s’accorde avec leurs moeurs ; leurs propres livres les représentent égorgeant sans miséricorde tout ceux qu’ils rencontrent, et réservant seulement les filles pour leur usage. »
» Essai sur les moeurs et l’esprit des nations « , 1756
… n’ont pas de philosophie. » Vous demandez quelle était la philosophie des Hébreux ; l’article sera bien court : ils n’en avaient aucune. Leur législateur même ne parle expressément en aucun endroit ni de l’immortalité de l’âme, ni des récompenses d’une autre vie. (…) Les juifs n’étaient attachés scrupuleusement, dans les derniers temps de leur séjour à Jérusalem, qu’à leurs cérémonies légales. Celui qui aurait mangé du boudin ou du lapin aurait été lapidé ; et celui qui niait l’immortalité de l’âme pouvait être grand prêtre. »
» Dictionnaire philosophique « , article » Juifs « , 1764
… sont les ennemis du genre humain. » Mon oncle était lié avec les plus savants juifs de l’Asie. Ils lui avouèrent qu’il avait été ordonné à leurs ancêtres d’avoir toutes les nations en horreur ; et, en effet, parmi tous les historiens qui ont parlé d’eux, il n’en est aucun qui ne soit convenu de cette vérité. (…)
On trouverait plus de cent passages qui indiquent cette horreur pour tous les peuples qu’ils connaissaient. Il ne leur était pas permis de manger avec des Egyptiens ; de même qu’il était défendu aux Egyptiens de manger avec eux. Un juif était souillé, et le serait encore aujourd’hui, s’il avait tâté d’un mouton tué par un étranger, s’il s’était servi d’une marmite étrangère. Il est donc constant que leur loi les rendait nécessairement les ennemis du genre humain. »
» La défense de mon oncle « , 1767, chapitre XIV
… sont haïs par leur faute. » Vous êtes frappés de cette haine et de ce mépris que toutes les nations ont toujours eus pour les juifs : c’est la suite inévitable de leur législation ; il fallait, ou qu’ils subjuguassent tout, ou qu’ils fussent écrasés. Il leur fut ordonné d’avoir les nations en horreur et de se croire souillés s’ils avaient mangé dans un plat qui eût appartenu à un homme d’une autre loi. (…) Ils gardèrent tous leurs usages, qui sont précisément le contraire des usages sociables ; ils furent donc avec raison traités comme une nation opposée en tout aux autres ; les servant par avarice, les détestant par fanatisme, se faisant de l’usure un devoir sacré. Et ce sont nos pères ! »
» Essai sur les moeurs et l’esprit des nations « , chapitre CIII, » De l’état des juifs en Europe « , 1753
… sont ignorants, barbares, avares, superstitieux, haineux. » Dire que les Egyptiens, les Perses, les Grecs furent instruits par les juifs, c’est dire que les Romains apprirent les arts des Bas-Bretons. Les juifs ne furent jamais ni physiciens, ni géomètres, ni astronomes. Loin d’avoir des écoles publiques pour l’instruction de la jeunesse, leur langue manquait même de terme pour exprimer cette institution. (…) Enfin, vous ne trouvez en eux qu’un peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent. Il ne faut pourtant pas les brûler. »
» Essai sur les moeurs et l’esprit des nations « , 1753